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Σάββατο 27 Φεβρουαρίου 2010

Le delire


Le délire
Kyvelou Evangelia [2001]
Msc Psychologie Clinic et Pathologie

1. Le délire selon la théorie freudienne

Selon la théorie freudienne, le délire a pour origine un événement traumatique qui a été refoulé dans l’inconscient. Le délire est constitué par « les symptômes de retour du refoulé. […] Ils portent les traces du compromis qui seul permet l’accès dans la conscience. »
Là où existe un compromis, il y a eu auparavant une lutte entre deux courants psychiques . Cette lutte se passe pendant l’âge infantile. « Le traumatisme psychique et, par suite, son souvenir agissent à la manière d’un corps étranger qui, longtemps encore après son irruption, continue à jouer un rôle actif» .
Les deux courants psychiques qui sont en conflit dans le cas de la psychose de la topologie freudienne sont le moi et le monde extérieur .
Dans son étude de la Gradiva, Freud a raccordé le délire aux rêves en admettant que le délire et le rêve ont la même source : le refoulement.
Donc, affirme Freud, nous pouvons interpréter un délire par les procédés d’interprétation des rêves.
« Tout délire recèle un grain de vérité […] Mais cette part de vérité a été longtemps refoulée. » Quand elle revient enfin à la conscience, cette vérité est déformée et provoque chez le sujet un « sentiment de conviction ».
L’étude la plus approfondie du délire a été effectuée par Freud dans l’analyse du cas du Président Schreber. Dans cette étude, Freud montre que le délire n’est pas stable mais qu’il connaît une alternative. Au début, c’était un délire de persécution, qui s’est effacé devant une « réconciliation ».
Freud a donc repéré deux phases du délire : celle du conflit et celle de l’apaisement. Toutefois, la phase du conflit se divise en une période « d’incubation » et une période « de réflexions intenses ».
Nous trouvons, écrit J.-Cl. Maleval, une tripartition classique :
La période d’incubation s’accompagne d’une inquiétude et d’un malaise diffus lors desquels émerge le problème crucial. La période de réflexions intenses, c’est la phase de systématisation de la persécution pendant laquelle le sujet s’efforce de résoudre le problème sans encore y parvenir. Et la période de réconciliation est celle de la solution du conflit.

L’évolution du délire de persécution, que nous rencontrons dans tous les cas de paranoïaque et de schizophrénique, peut schématiquement se définir de la façon suivante :
Le persécuteur est une personne ou un substitut de celle-ci, facile à reconnaître, que le patient a auparavant bien aimé. Dans la maladie, nous observons un changement émotionnel en son contraire, c’est-à-dire que celui que le sujet a aimé devient persécuteur.
« L’observation ne permet aucun doute à cet égard : le persécuteur n’est jamais qu’un homme auparavant aimé. »
La proposition « je l’aime lui, l’homme », est maintenant contredite par « je ne l’aime pas, je le hais. »
Grâce à la projection, cela devient : « il me hait ( me persécute) » puis cela se transforme en « je ne l’aime pas – je le hais – parce qu’il me persécute ».
L’intolérable délire de persécution se transforme souvent, pour donner une solution à ce conflit psychique, en un délire de grandeur. « Le malade, primitivement victime d’un délire de persécution où il se voit en butte aux puissances les plus redoutables, éprouverait le besoin de s’expliquer cette persécution et en viendrait ainsi à se croire lui-même un personnage important, digne d’une persécution pareille. » De cette façon, le moi est dédommagé par la mégalomanie. Le conflit entre le désir inconscient inacceptable par le moi conduit maintenant à une réconciliation avec le persécuteur.
Dans l’analyse du cas du Président Schreber, le persécuteur est son médecin Flechsig. Une personne dont, dit Freud, nous pouvons supposer, d’après ses écrits, que le patient a bien aimée. Mais les sentiments mêmes de sympathie envers le médecin Flechsig ont engendré par le processus de transfert comme substitut un sentiment envers son père, qui « exerce une action d’une violence que seules son origine et son importance originelle permettent d’expliquer. »
Selon Freud, la conciliation du conflit du Président Schreber survient grâce à son compromis compulsif de devenir femme de Dieu – c’est-à-dire femme de son père – pour sauver le monde.
Le sujet psychotique perçoit un monde dégradé parce qu’il projette sur le monde intérieur le monde extérieur.
« Il n’est pas correct, écrit Freud, de dire que la sensation intérieurement réprimée est projetée de nouveau vers l’extérieur ; on devrait plutôt dire, nous le voyons à présent, que ce qui a été aboli au-dedans revient du dehors. »
Le nouveau monde extérieur fantasmatique de la psychose veut se mettre à la place de la réalité extérieure. « La question qui vient à se poser n’est pas seulement celle de la perte de la réalité, mais aussi celle d’un substitut de la réalité ».
Le délire, écrit Freud, n’est pas sans raison, il a un « but » : celui de diminuer l’angoisse à travers la communication du sujet psychotique avec son entourage.
« Le paranoïaque rebâtit l’univers, non pas à la vérité plus splendide, mais du moins tel qu’il puisse de nouveau y vivre. Il le rebâtit au moyen de son travail délirant. Ce que nous prenons pour une production morbide, la formation du délire, est en réalité une tentative de guérison, une reproduction. »

2. Le délire selon la théorie lacanienne

Selon Jacques Lacan, l’inconscient est structuré comme un langage. Cette position s’accorde à la pratique analytique de Sigmund Freud à travers le travail sur les rêves, les lapsus et les associations libres.
« L’inconscient est là, présent dans la psychose […] mais ça ne fonctionne pas. »
Dans ses Écrits, Lacan énonce que « l’inconscient est le discours de l’Autre » et que ce qui conditionne la névrose ou la psychose dépend « de ce qui se déroule en l’Autre » qui est articulé comme un discours.
L’Autre est défini dans le Séminaire III, Les Psychoses, par Lacan comme « le lieu où (le sujet) peut se poser la question de son existence ». Cette question concerne son sexe et sa venue. La question essentielle, telle que la détache Lacan, est « Que suis-je là ? ».

La question concernant le sexe renvoie à la différenciation des sexes qui se situe au moment du complexe de castration et du complexe d’Œdipe. Dans le cas de la structure psychotique, le signifiant du Nom-du-Père – qui est introduit dans le langage symbolique du sujet au moment du complexe d’Œdipe – est forclos et reste énigmatique.

Lacan écrit : « Au point où est appelé le Nom-du-Père, peut donc répondre dans l’Autre un pur et simple trou, lequel par la carence de l’effet métaphorique provoquera un trou correspondant à la place de la signification phallique ».
La forclusion du signifiant paternel forme un gouffre du côté du symbolique, auquel répond un autre gouffre du côté de l’imaginaire.
Selon Lacan, autour de ce trou dans le champ du signifiant, le sujet psychotique bâtit une nouvelle réalité, venant se substituer à la réalité perdue.
Quels sont les effets produits par la forclusion du Nom-du-Père ?
Il y deux effets qui résultent de la forclusion du signifiant du Nom-du-Père. Le premier consiste en désordres dans le symbolique qui sont liés au langage, et le deuxième en désordres dans l’imaginaire qui sont liés à la sexualité et à la jouissance.
La vacance créée dans le symbolique est ce que Lacan a nommé trou creusé dans le champ du signifiant. Autour de ce trou va se dresser la construction d’une nouvelle réalité, venant remplacer la réalité perdue. Cette nouvelle réalité est une réalité massive et compacte.
La « métaphore délirante » vient s’installer dans ces trous béants dans les champs du symbolique et de l’imaginaire, en provoquant les conséquences désastreuses que nous pouvons observer au niveau du réel.
Pour que la psychose se déclenche, il faut une condition. C’est la venue d’Un-Père (c’est-à-dire d’un père réel quelconque) en position tierce par rapport à la relation duelle du couple imaginaire « moi-objet » ou « idéal-réalité ». Couples fréquemment chargés d’une grande tension affective. Par exemple, « la femme qui vient d’enfanter, en la figure de son époux … »
Le sujet psychotique fait appel au Père mais au lieu d’une réponse, il se trouve devant un trou, car le signifiant du Nom-du-Père est forclos de son langage. Le moment de la rencontre avec un signifiant parental qui représente la Loi aboutit au déclenchement de sa psychose. Le psychotique va donc construire un délire pour pouvoir faire face à ce trou. C’est un moment de grande souffrance, car il n’y a pas de signifiant pour représenter le sujet pour un autre signifiant. En construisant un délire, il crée une néo-réalité qui lui permet de « remplir », d’une certaine façon, le trou du signifiant forclos. La métaphore délirante vient suppléer la carence de la métaphore paternelle en se stabilisant dans une signification imaginaire.
Il semble que le délire joue un rôle de « défense » et se met dans les trous pour remplir la carence du Nom-du- Père.
S’appuyant sur les travaux de Lacan, Colette Soler définit le concept de délire comme un « procès de signification, aussi réduit soit-il, par lequel le sujet parvient à élaborer et à fixer une forme de jouissance acceptable pour lui. »
En ce sens, le délire constitue une barrière à la « jouissance absolue », qui provoque chez le sujet psychotique une énorme angoisse.
Comme Lacan l’a montré, les délires et les hallucinations sont des projections d’image spéculaire et ses doubles, essentiellement de la synthèse « d’alter ego ».
« La forclusion du Nom-du-Père entraîne une régression à l’affrontement spéculaire du stade du miroir, lors duquel le sujet construit son moi en l’aliénant dans une image étrangère. Cela suscite volontiers une symptomatologie de perte et de captation d’identités, de surgissement de sosies et de doubles… »

3. Le délire de filiation
Dans les chapitres précédents nous avons essayé d’éclaircir les notions de filiation et de délire chez les sujets psychotiques. Nous avons constaté que le sujet entre dans le monde symbolique par la filiation et nous avons remarqué que pour le sujet psychotique, ce monde est forclos. Néanmoins, ce qui est forclos au niveau symbolique fait retour dans le réel.
« Si le Nom-du-Père ne surgit pas là où il était attendu, il s’ensuit chez le patient psychotique une série de remaniements d’éléments symboliques bouleversant les repères habituels de l’espace, du temps et surtout perturbant les représentations relatives à sa filiation. »
Mais qu’est-ce qui pourrait représenter la filiation pour le sujet psychotique ?
Le sujet psychotique nie la différence des sexes et le coït parental, car la différence des sexes et l’identification du sujet à son propre sexe se situe dans le complexe d’Œdipe.
Le sujet psychotique qui n’atteint pas ce stade ne peut pas manier son origine au niveau symbolique. Il se trouve face à une question qui lui reste énigmatique.
Comment le sujet réagit-il, donc, face à cette énigme ?
En cherchant une réponse à cette question, le sujet construit un délire qui, assez souvent, aboutit à un délire de filiation.
Nous citons François Marty :
« La pensée délirante vise donc à répondre à la question et aux énigmes de l’origine [celles qui concernent les conditions concrètes et naturelles (biologiques) de la naissance]. Habituellement, elles engagent l’enfant à questionner ce qu’il en est de sa place et de sa conception par rapport à ses deux parents. Mais chez le psychotique, elles le conduisent à se donner une réponse, en forme de délire. Les thèmes relatifs au corps et à une filiation délirante y sont si prégnants qu’ils laissent envisager que le délire « s’origine » dans l’incapacité de penser l’énigme de la conception et qu’il est, en fait, délire de l’origine» .
Dans cet effort du sujet psychotique de donner une réponse à l’énigme de son origine, nous observons assez souvent qu’il « crée » un délire de filiation.
Dans la chaîne des signifiants où, pour le sujet psychotique, le signifiant paternel est forclos, la restauration d’un délire de filiation peut en quelque sorte le suppléer car la notion de filiation renvoie au Père et à sa Loi, c’est-à-dire à la limitation du sujet.
La « justification de ce que nous appelons Loi pour l’humanité n’est rien d’autre que la notion de filiation. »
La notion de filiation est conjointe à la Loi et celle-ci, à la notion du Père Primitif.
La construction délirante d’une figure paternelle apaisante peut aider le sujet à diminuer notablement son angoisse provoquée par l’absence du signifiant du Nom-du- Père.
« Il existe des constructions délirantes qui apaisent considérablement l’angoisse du sujet. »
A travers le délire de filiation, le sujet psychotique fait un effort de communiquer sa carence paternelle en délirant ponctuellement sur sa filiation, qui ne peut avoir de sens symbolique.



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Problématique sur le roman familial du névrosé et le délire de filiation du sujet psychotique

Sigmund Freud et le Verwerfung
Jacques Lacan et la forclusion
Le délire de filiation 
 http://e-psychotherapia.blogspot.com/2010/09/filiation.html 

Le traitement de la psychose
http://e-psychotherapia.blogspot.com/2010/10/le-traitement-de-la-psychose.html
Le déclenchement psychotique pendant l’adolescence
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La Filiation
Le délire de filiation
La différence entre névrose et psychose

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